Sofia, née en France de parents maghrébins, passe une enfance heureuse dans sa cité de province.
Son père ayant le mal du pays, elle se retrouve dans une ferme au Maroc. Elle a dix ans à peine.
Elle se jure de passer son bac afin de retourner en France à 18 ans.
Mais la vie s'arrange toujours pour bouleverser nos plans…
Avec : Hafsia Herzi, Farida Khelfa
Fiche complèteFrançaise
Réalisateur : Souad El Bouhati
Sortie en salle : 28-05-2008
Avec :
Hafsia Herzi, Farida Khelfa
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Bande annonce
- 84 min
- France, Maroc
- 2008
- 1.66
- Dts SR
- Visa n°114.858
Synopsis
Sofia, née en France de parents maghrébins, passe une enfance heureuse dans sa cité de province.
Son père ayant le mal du pays, elle se retrouve dans une ferme au Maroc. Elle a dix ans à peine.
Elle se jure de passer son bac afin de retourner en France à 18 ans.
Mais la vie s'arrange toujours pour bouleverser nos plans…
Crédits du film : © 2008 Jem Productions - Irène Production - 2 M - France 2 Cinéma
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Fiche artistique
Sofia adulte Hafsia Herzi
La mère Farida Khelfa
Le père Maher Kamoun
Sofia enfant Alexandra Martinez
Mme Laktani Amal Ayouch
Rachid adulte Aymen Saidi
Fouzia adulte Sihame Sani
Fouzia enfant Ikrame Akaarour
Rachid enfant Karim Debray
Elodie Léa Fontana
La maîtresse d'école Caroline Sevin
Touria Narjisse Dubois
Amar Salim Gharbi
Evelyne Delphine Zingg
La tante Raouya
La prof Fatouma El Kanouni
Fatima Selwa El Jadouri
Nadir Omar Mawlawi
Kamel Mohcine Nadifi
Medhi Mourad Zaoui
Mina Sofia Alami Hamdouri
Bruno Victor Moy
Franck (copain père) Jean-François Palusrek
Père Elodie Cyril Pavaux
Enfants sur les vélos Soline Touzard
Fiche techniqueRéalisatrice Souad El Bouhati
Scénario Souad El Bouhati
Conseillère artistique Malika Khelfa
Image Florian Bouchet
Scripte Nicole Marie
Montage Josiane Zardoya
Décors Jimmy Vansteenkiste
Musique originale Patrice Gomis
Producteur associé Jean-David Lefebvre
Producteur Délégué Jacques Kirsner
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Souad El
BouhatiL'histoire que vous racontez dans "Française" est-elle autobiographique ?Non, car j'ai toujours vécu en France. Mais le point de départ du scénario remonte à une expérience de mon enfance qui m'a énormément marquée. J'avais une petite copine Algérienne qui, du jour au lendemain, a disparu. Aux nombreuses questions que je posais, la seule réponse qui m'était faite était : "Elle est retournée dans son pays". Pour moi c'était l'incompréhension : elle était bonne élève, elle était née en France, elle ne m'avait jamais parlé de l'Algérie. Pour l'enfant que j'étais, c'était un paradoxe insoluble : comment peut-on avoir un pays qu'on ne connaît pas ?Avant de faire du cinéma, vous avez été assistante sociale…Pour mes parents, qui en France étaient ouvrier et femme au foyer, il était important que leurs enfants puissent accéder à un meilleur niveau de vie. Alors j'ai rapidement travaillé dans le social, pour ne pas faire d'études trop coûteuses et devenir autonome financièrement. La voie naturelle était institutrice, infirmière, ou éducatrice. Plus tard, j'ai quitté le social non pas pour "faire du cinéma", mais pour fuir ce travail qui devenait très inconfortable : la société s'appauvrissait et la précarité gagnait du terrain. Je me sentais dans une impasse, l'insuffisance des moyens alloués faisait du travailleur social un garant des institutions davantage qu'un individu au service des populations en difficultés. Mais ces années ont été essentielles dans mon parcours, par la richesse des expériences et des rencontres auxquelles elles m'ont confrontée. C'est à cette époque que j'ai rencontré un groupe féministe qui m'a soudain offert un système de pensées très nouveau. Elles étaient libres, drôles, audacieuses… Ce modèle-là était libérateur, si différent des figures de mon enfance : mères au foyer ou employées soumises à leur patron. Dans ce nouveau milieu j'ai rencontré des intellectuelles, des artistes et surtout une nouvelle disposition d'esprit : "tendre vers son désir, ne plus être dans le devoir".Vos deux films ont pour thème central la dignité… Est-ce votre façon de tourner le dos à tous les clichés sur l'immigration ?La dignité, le respect de soi-même et des autres sont des valeurs universelles, importantes pour tout être humain. Elles ne sont l'apanage ni des immigrés, ni des déplacés, ni des pauvres, ni d'aucune génération. Je laisse à d'autres les thématiques de la violence et de la drogue si complaisamment associées aux banlieues et qui font tant fantasmer la société.A-t’on naturellement tendance à idéaliser le pays qu'on a quitté ?Je n'idéalise aucun pays car à bien y réfléchir, aucun n'est idéal. Ce dont il est question dans mes films est plutôt la problématique de l'exclusion qui renvoie au sentiment d'exil. Dans "Salam", mon court-métrage, le personnage est écarté car il est trop vieux. Dans "Française", si les parents quittent la France, c'est parce qu'ils ne trouvent plus leur place et refusent la stigmatisation de leurs enfants comme d'éternels étrangers. Sofia est victime d'un traumatisme d'enfance. Elle a été enlevée, arrachée par une séparation brutale et inexpliquée à son monde, ses amis, à l'univers qui était le sien depuis sa naissance. Le pays d'origine qui lui manque tant n'est pas la France, c'est son Enfance. "Française" est l'histoire d'une jeune fille en quête d'elle-même qui se réalise. L'enjeu pour elle est de comprendre que l'Enfance est un "pays", qui est une part d'elle-même, et qu'elle devra quitter pour se construire en tant qu'adulte. Sofia n'est ni française, ni marocaine, elle est les deux. Et cette double appartenance n'a pas de nom. Si pour la plupart des gens l'identité est liée à un territoire, pour moi l'identité est celle que l'on se construit, elle est devant soi. Comme le dit Elias Sanbar, nos racines sont aussi devant nous…Comment travaillez-vous avec vos comédiens ?Une bonne partie du travail se décide au casting. La rencontre avec Hafsia Herzi était une évidence tant sa présence face à la caméra était forte. De plus c'est une bosseuse, très à l'écoute, et très impliquée sur le tournage. Généralement, je ne laisse pas de place à l'improvisation, même si parfois je tâtonne pour arriver à ce que je veux. Je reconnais que cela ne doit pas être toujours facile pour les comédiens, de plus je ne crois pas tellement aux répétitions. En revanche j'accorde plus d'importance aux échanges qu'on peut avoir autour du scénario."Française" est votre premier long-métrage. Passer du court au long, cela change tout ?Artistiquement et financièrement c'est totalement différent. Mais dans les deux cas, faire un film est une chance… et une douleur. -
Hafsia Herzi
Comment s'est déroulé votre rencontre avec Souad El Bouhati ?J'ai passé un casting au début de l'année 2006. Je venais d'arriver à Paris, c'était juste après avoir tourné "La graine et le mulet", j'arrivais de Marseille. J'avais l'accent. Malgré cela, j'ai été dans le dernier choix, on était trois. J'ai longuement vu Souad, le courant passait bien, mais l'accent lui posait un gros problème, et ce n'est pas moi qu’elle a choisie. J'ai pris des cours dans un petit conservatoire de quartier, et, en travaillant beaucoup, j'ai perdu l'accent. Puis en janvier 2007, j'ai appris que le film avait été retardé, et que Souad voulait me revoir. Elle a découvert que je n'avais plus d'accent, et elle m'a choisie. Quelle chance que six mois se soient passés, et qu'elle se soit souvenue de moi ! Après tout ce temps, j'ai enfin pu lire le scénario.Qu'avez-vous pensé de Sofia, à la lecture ?Je me suis un peu reconnue en elle. Et Souad m'a laissé la créer à ma façon. Toute mon énergie, je l'ai transmise à mon personnage. A travers son itinéraire, je pouvais m'inspirer de ce moment de ma vie que je venais de vivre, l'arrivée à Paris, seule sans connaître personne, les cours de théâtre... Sofia, pour moi, c'est une jeune adolescente qui veut être libre. Je crois que c'est cette liberté qu'elle cherche, elle veut avoir le choix, pouvoir décider de sa vie. Son passeport français, ses parents refusent de le lui donner, donc elle s'obsède là-dessus, obstinément, mais ce pour quoi elle se bat, au fond, c'est pour sa liberté. On l'a arrachée à son enfance, alors elle veut choisir où et comment passer sa vie d'adulte. Elle veut qu'on l'écoute, qu'on la comprenne. Parfois j'ai eu peur qu'on la déteste, car elle est un peu exaspérante, un peu rebelle. Mais Souad m'a dit que c'était à moi de faire en sorte qu'on la trouve touchante, et maintenant que j'ai vu le film, je crois qu'elle l'est. C'est une ado dans un corps de petite femme, elle avance tout droit comme on va en guerre, elle trace, elle n'écoute personne. Ce qui nous émeut, c'est qu'elle a été traumatisée par la façon dont on l'a arrachée à son enfance, alors forcément, elle a fait du pays de cette enfance un paradis perdu.Et quels rapports entretient-elle avec sa famille ?Dans cette famille, personne ne l'écoute. Ils ont l'air de penser que c'est encore une de ses crises, que cela va lui passer. C'est un peu comme si elle leur faisait peur. Alors ses parents l'aiment, mais ne la comprennent pas. Son frère et sa grande sœur se rapprochent d'elle, mais n'oseraient jamais en parler avec leurs parents, ou prendre position. Elle a un beau rapport avec son père. On s'aperçoit qu'ils se ressemblent, même si c'est lui qui refuse de lui donner son passeport, ce qui est la source de leur conflit. Elle est très garçon manqué, elle aime la nature et travailler dans les champs, elle aime la terre de ce pays. Mais elle est trop isolée. Entre ses parents qui n'essayent pas de la comprendre, son petit ami qui lui non plus ne tient pas compte de ses désirs, et va la demander en mariage alors qu'il sait que ce n'est pas la vie qu'elle veut, et la peur d'échouer à ses examens, elle craque…Elle se rend malade toute seule, puis c'est dans la solitude qu'elle s'apaise…Oui, elle va se reconstruire seule. Ses parents ont compris qu'il fallait la laisser tranquille. Et petit à petit, elle se remet à lire, à étudier, et elle va trouver le métier qui lui permettra de concilier les deux langues, françaises et marocaines, et donc, ses deux racines.Comment s'est déroulé le tournage ?Souad me faisait confiance, elle n'était pas directive. Elle est très intuitive, elle m'a bien devinée, et elle a cru en moi. Sur le plateau, elle me laissait proposer des choses, puis elle les corrigeait si elle voyait que je me trompais sur une intention, une émotion. Avec les autres acteurs, on formait vraiment une famille, d'ailleurs les habitants de la ferme étaient surpris qu'on n'ait pas réellement des liens de parenté. J'ai adoré cette ferme, cette terre, et ce pays. Souad ne m'a pas demandé de voir certains films, ni de m'inspirer du travail de certaines actrices. Elle sentait que je pouvais comprendre et jouer ce que vit Sofia, sa révolte, sa colère. Il me suffisait d'imaginer comment j'aurais réagi si mes parents avaient refusé que je quitte Marseille pour m'installer à Paris… J'ai joué en puisant dans mes émotions, mes expériences.C'était votre deuxième tournage. Qu'aviez-vous appris du premier ?"La graine et le mulet" a été ma formation. J'ai appris jusqu'où je pouvais aller. J'ai appris à me concentrer, en dépit de tout ce qui peut se passer sur un tournage, en dépit du bruit, des crises, des tensions. Et sur le film de Souad, je me suis battue, j'ai travaillé, je me suis concentrée, pour être bien, pour être juste, pour être au service du film, et de l'équipe. Souad avait tous les soucis d'un premier film à gérer, donc il fallait que le premier rôle soit à la hauteur. C'était mon vrai premier rôle, c'était important pour moi, et cela me donnait une grande responsabilité. Je crois à ce film et j'aime beaucoup Sofia. A la fin, elle est en paix avec elle-même, elle a muri, elle a réfléchi, elle est libre, elle a eu le choix, et elle peut enfin choisir. Elle avait juste besoin qu'on ne lui impose rien, qu'elle soit libre de décider. Ce n'était pas un caprice, mais un besoin de liberté. On lui avait volé son enfance, alors, elle s'est battue pour qu'elle décide elle-même de sa vie d'adulte…
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Critiques
- Il n'y a pas de méchants dans ce film, rien que des modes de vie et des convictions qui s'entrechoquent. Il n'y a pas non plus de leçon et c'est tant mieux.
Elle - Une peinture réaliste et tendre, sans manichéisme, loin des clichés habituels et des stéréotypes avec des personnages généreux, ouverts et pétris d'amour.
Le Figaroscope - Dans un film qu'on devine un autoportrait, la cinéaste laisse parler l'implicite.
Positif - Une oeuvre sensible et universelle, hors des clichés identitaires.
Télé 7 Jours - Porté par une écriture précise qui exclut aussi bien l'angélisme que la diabolisation, le film montre bien l'ambiguïté de ce sentiment d'appartenance.
Télérama - Une première oeuvre ambitieuse magnifiée par une remarquable interprétation et une photographie de grande qualité.
aVoir-aLire.com - Le film s'impose comme un témoignage sensible et juste sur une question éternellement d'actualité des deux côtés de la Méditerranée.
Première
- Il n'y a pas de méchants dans ce film, rien que des modes de vie et des convictions qui s'entrechoquent. Il n'y a pas non plus de leçon et c'est tant mieux.
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